Avant d’être sound designer et compositeur freelance pour le jeu vidéo, j’étais producteur pour des artistes. Mon rôle consistait à créer un univers musical cohérent : arrangements, direction artistique, enregistrement, supervision des prises, puis mixage.
C’est dans ce cadre que j’ai croisé la route de Paul Simon - pas celui de Garfunkel, mais un auteur-compositeur-interprète talentueux de ma région.

Une histoire d'humains
Nos univers se sont vraiment croisés en 2021. Même si nous nous étions déjà rencontrés auparavant, cette fois, j’ai eu la chance de produire l’intégralité de son premier album, Fallait Bien. Un premier album, c’est une vraie responsabilité : il faut définir un univers sonore, une direction artistique, et faire des choix forts - toujours en collaboration étroite avec l’artiste.
Comme pour un projet de jeu vidéo, tout part d’une rencontre humaine. Des moments de discussions, parfois hors sujet, qui permettent de mieux comprendre la personne en face. Et aussi, forcément, des points de vue divergents. Avec Paul, nos univers musicaux étaient très différents, ce qui pouvait être un frein. La musique reste un art abstrait : sans langage commun, la communication peut rapidement devenir compliquée.
Trouver un point d'ancrage :
Je n’ai jamais cherché à imposer mes choix. Avant tout, je veux comprendre ce que l’artiste souhaite exprimer, son intention profonde. Quand les bases musicales diffèrent, il faut trouver un point d’ancrage : une référence commune, même éloignée, qui sert de passerelle entre deux univers. Dans notre cas, ce furent les Beatles qui ont ouvert la voie.
Ce fut un vrai déclic : j’ai pu remonter le fil de ses influences, tout devenait clair et cohérent. Et surtout, je savais que j’allais pouvoir ressortir ma Beatles Bass et mon plus beau médiator - ce qui, forcément, m’a fait très plaisir.
Cette collaboration m’a aussi permis de travailler avec mon frère Vivien, qui a créé des parties de batterie hybrides pour donner plus de consistance à l’univers de Paul. Un vrai travail d’équipe, parfois difficile à mettre en place, mais extrêmement enrichissant.
Vivien jouant un kit de percussions/batterie hybride.
Un échange riche d'enseignements :
Au-delà de la production de l’album, ce “déclic” a surtout débloqué notre communication. Nous avons pu comprendre nos univers respectifs et nous enrichir mutuellement. Avec le temps, sa musique m’est devenue familière. J’ai pu proposer des idées, ajuster des textures sonores, et construire une cohérence entre son monde et le mien. Cette expérience a été charnière dans mon parcours.
Elle m’a rappelé une vérité essentielle du métier - que ce soit en production musicale, en composition ou en sound design pour le jeu vidéo : Ce qui compte avant tout, ce sont les humains avec qui on travaille.
Olivier Deriviere me disait récemment :
“Si tu dois travailler avec une nouvelle équipe, prends ta voiture et va rencontrer les humains derrière le projet.”
Une phrase simple, mais qui résume parfaitement l’essence de nos métiers.
Faire les choses sérieusement, sans se prendre au sérieux. :)
L'actualité de Paul :
Bien entendu, je vous invite à découvrir l'univers de Paul Simon, à écouter "Fallait Bien", l'album que nous avons réalisé ensemble, et à jeter une oreille à son podcast. Paul y échange avec des passionnés de musique et d’audio, et nous y avons parlé composition, sound design pour le jeu vidéo, vie de freelance, et bien d’autres sujets.


